Lectures

« Le Japon, Croyances et rites » de Jean HERBERT

( nouvelle édition de « La cosmogonie japonaise » parue en 1977 aux Editions Dervy)

Juste avant de partir en vacances, j’ai commandé le livre de Jean HERBERT, « le Japon, croyances et rites » aux Editions Dervy.

Cela correspond assez à mon état d’esprit du moment, je cherche où j’en suis. Mes lectures le prouvent, entre Nettoyer son intérieur, la magie du rangement, l’art de la délicatesse ou les livres sur le Shintô ou le Bouddhisme (dans ma pile à lire)…

D’abord quelques mots sur l’auteur … Jean HERBERT (Jean Daniel Fernand Herbert oui il faut préciser cart Popek s’appelle également Jean HERBERT) était un oritentaliste français, interprète et traducteur. Il est mort en 1980 à Genève. Sa spécialité ou plutôt ses spécialistés étaient l’Inde et l’Indouisme. En marge de cette spécialité, il a consacré beaucoup d’ouvrages à l’Asie en général.

En 1946, il a créé chez Albin Michel la collection Spiritualités vivantes et en 1970 la collection « Mystiques et religion » chez Dervy. Parmi ses ouvrages, 4 peuvent plus particulièrement vous intéresser si vous vous intéressez à la spiritualité japonaise (dans l’ordre inverse de publication):

  • La religion d’Okinawa, Dervy Livres, 1980
  • La Cosmogonie japonaise Dervy 1977
  • Dieux et sectes populaires du Japon, Albin Michel, 1967
  • Les Dieux nationaux du Japon, Albin Michel, 1965
  • Aux Sources du Japon: Le Shintô, Albin Michel, 1964

Pour écrire cet ouvrage, clairement pas à mettre entre toutes les mains car il faut se motiver pour se plonger dans l’analyse de la cosmogonie japonaise, Jean Herbert est allé à la rencontre de nombreux supérieurs des temples shinto. Si ma mémoire est bonne, en plus des entretiens réalisés avec eux, il a adressé et recueilli plus de 3 000 questionnaires. Il a déchiffré le Kojiki et le Nihongi (le nihon shogi),

Le Kojiki ? Quès aco ? En fait, c’est littéralement la « chronique des faits anciens », un recueil de mythes concernant l’origine des îles formant le Japon et des Dieux par le conteur Hieda no Are et le chroniqueur Ô no Yasumaru. Il est considéré comme le plus ancien ouvrage sur l’origine du Shintoïsme. Il fut offert à l’Impératrice Gemmei en 712.

Quant au Nihon Shoki (ou Nihongi), ce sont les Annales ou Chroniques du Japon qui ont été rédigées par le Prince Toneri, Ô no Yasumaru et d’autres pour l’impératrice Genshô. Avec le Kojiki, ce sont les deux sources « officielles » écrites sur l’origine du Japon.

Le Nihongi est cependant plus complet que le Kojiki. En effet, il se concentre aussi sur les mérites et erreurs des souverains et de nombreux autres évnements historiques.

Edition française du Kojiki.

Le Kojiki a été à partir de contes et légendes populaires, datant de IV au Vie siècle. C’était donc avant l’arrivée du Bouddhisme au Japon. Pendant longtemps, il n’était pas considéré comme fiable … certes, peut-on imaginer que des Kamis naissent des ablutions de Izanagi peut être une histoire fiable …

Bon revenons au sujet, au Japon, les dieux et les déesses sont toujours là. Pas un quartier sans son sanctuaire, plus ou moins rempli selon la sociologie du quartier et sa « vigueur ». Les toriis, en bois sombre comme à Meiji Jingu, en bois rouge comme à Fushimi Inari ou en béton rythment le territoire et indiquent leur présence. Rappellons que le torii est une porte qui délimite la frontière entre le monde matériel et l’espace sacré du sanctuaire.

Dans les textes sacrés, l’origine du monde sont les kamis « ceux qui sont placés en haut ». Le premier couple divin est Izanagi et Izanami. Leur union donna naissance à l’archipel, au vent, à la montagne. Mais aussi aux maux et à la mort …Izanami meurt en donnant naissance au feu.

Mais c’est aussi dans le Kojiki qu’il faut chercher certains postulats sur la place de la femme … j’ai trouvé la scène sur la naissance de Hiroko, l’enfant sangsue, injuste. Cet épisode a longtemps servi à justifier les inégalités sexuelles au Japon (oui, Izanami ayant parlé la première, c’est sa faute si Hiroko était malformé) . Dans ce contexte, l’égalité Homme – Femme au Japon, ce n’est pas gagné …

Au-delà de l’explication de cette inégalité historique, l’ouvrage divise en plusieurs parties l’origine du Japon, de la naissance des kamis supérieurs à la pacification de la Terre.

Au lendemain de la 2nde Guerre Mondiale, l’occupant américain, même si il a eu le bon sens de maintenir l’Empereur en place pour « pacifier » le pays, a souhaité éradiquer l’histoire du shinto pour éradiquer l’esprit du Japon. De nombreux textes ont été perdus. De nombreuses transmissions n’ont pas été assurées. Les Japonais ne connaissaient plus que quelques éléments de leur cosmogonie.

Aujourd’hui, cependant, un retour aux traditions s’opère doucement. Retour aux traditions ou retour aux nationalismes ?

Néanmoins, la matière est dense. C’est un livre pour apprendre, pas pour se détendre. Certains ouvrages de Jean Herbert ne se trouvent plus que chez les bouquinistes comme « aux sources du Japon ». La trilogie est dans la « liste à lire » à défaut d’avoir rejoint ma « pile à lire ».