Lectures

« Le Japon, les leçons d’un pays très incorrect » de Jean-Marie BOUISSOU

A mettre entre toutes les mains ….

Agrégé d’histoire, Jean Marie BOUISSOU est un spécialiste reconnu du Japon qu’il scrute depuis des décennies. Il y a habité pendant près de 15 ans, y habite encore, a enseigné à Waseda et représente Sciences Po dans l’archipel. Il a publié de nombreux ouvrages sur le pays du soleil levant. Autrement dit, il n’est pas un novice dans l’art d’analyser le monde.

Son introduction est simple, « je ne suis pas fan du Japon mais le Japon me va comme un gant ». Je dois dire que cette phrase me correspond assez. Je ne suis pas une fan absolue du Japon, le Japon a ses qualités et ses défauts. Je ne pourrais jamais y travailler car je ne suis pas « formatée » pour. Cependant, c’est un pays dans lequel je me sens bien et que j’aime parcourir en vacances.

Alors bien évidemment, un titre comme « Les leçons du Japon, un pays très incorrect » m’a attirée presque comme un papillon par la lumière. D’autant plus que l’auteur continue à vivre là-bas. Un jour, j’ai lu qu’au plus on vivait au Japon, moins on pouvait écrire sur lui.

Car bien souvent, comprendre le Japon peut s’averer difficile. Je ne suis pas sûre d’avoir tout compris tant le Japon est complexe et particulière.

Cependant, ce livre est une mine d’informations sur le Japon. Je trouve qu’il est un excellent complément aux « Japonais » de Karyn POUPEE.

Jean-Marie BOUISSOU décrit de manière clinique le Japon, ses arcanes, le fonctionnement de la société japonaise, ses habitudes et ses préjugés. A aucun moment, il ne prend parti. Mais il laisse le lecteur tirer ses propres conclusions, essayer de comprendre, d’envisager si telle ou telle option serait applicable en France.

C’est un exercice délicat. Comment le Japon qui est en crise depuis 30 ans tient encore alors que les mêmes sujets divisent la société française ?

Les personnes publiques (on entend ici les personnes sur le devant de la scène, pas au pouvoir ou proche de lui) se doivent d’être absolument exemplaires sous peine d’être balayées par le système Les excuses, même de pacotille, ont un « réel » effet sur la population.

Le livre décrit le formatage de ses enfants de la maternelle à la vie adulte, comment ce formatage éteint toute créativité, tout rêve.

Prenons l’exemple de la télévision… C’est vrai que j’aime la télévision japonaise, je la trouve reposante. Aucune mauvaise nouvelle, des programmes éducatifs sur tous les sujets. Oui une télévision reposante mais cette absence d’angoisse a un prix, sa liberté. Il décrit comment la télévision, qu’elle soit publique ou privée, tellement prise en main par le Pouvoir éxecutif qu’aucune voix dissonante ne peut se faire entendre. Toute vélléité est tuée dans l’oeuf… y compris sur internet.

Dans tous les cas, cet ouvrage est à mon sens un excellent complément à la lecture de « Les Japonais » de Karyn POUPEE mais aussi et surtout, il est à mettre dans les mains de tous ceux qui voit le Japon comme un Graal.