Carnet de voyage

Aujourd’hui, je teste la poterie de Bizen…

Lors de mon dernier voyage, j’ai pris le temps de m’arrêter à Okayama. Je m’y étais déjà arrêtée mais jamais très longtemps, à peine le temps de découvrir le jardin du Château mais pas le Château en tant que tel.

Au final, le Château du Corbeau noir est beau, extérieurement et intérieurement. Attention, il a le même surnom que le Château de Matsumoto. Okayama-jo (岡山城) est à une « courte » distance de Himeji-jo, le Château du Héron blanc. Cette proximité relative fait que souvent (dans tous les cas, ce fut le cas dans mon voyage de découverte du Japon) les deux châteaux ou leurs jardins sont visités en opposition l’un à l’autre.

Revenant au Château du Corbeau noir … Sa construction a débuté en 1573 sur ordre de Naoie Ukia. Cependant, il n’en verra jamais la fin puisque c’est son fils, Ukita Hideie, qui l’achèvera en 1597.

Son donjon étant à l’origine couvert de tuiles dorées, il fut à l’époque surnommé le « château du corbeau d’or ».

Le Château connut plusieurs propriétaires. En effet, le clan de Ukita Hideie s’allia avec le clan Toyotomi lors de la bataille de Sekigahara. La bataille vit la défaite du clan Toyotomi et de ses alliés. Ukita Hideie dut donc s’exiler. La bataille de Sekigahara vit la victoire du Clan de Ieyasu Tokugawa et de ses alliés. En récompense, le Shogun Tokugawa attribua le Château à Kobayakawa Hideaki. A la mort de ce dernier, le Château fut réattribué au Clan Ikeda (1602).

Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, le Château d’Okayama fut reconstruit entre 1964 et 1966.

Aujourd’hui, le Château est construit sur une structure globale en béton avec un ensemble de six étages avec un petit musée avec des objets d’époque et des armures de samourai, un petit salon de thé, une petite boutique et un espace atelier …

Ne subsistent réellement du Château original que deux tours d’intactes, qui furent par la suite classées comme étant « patrimoine culturel au Japon ». Tsukimi Yagura (tour d’où l’on peut observer la lune) est l’une d’entre elles et fut construite en 1620.

Du haut du Château, vous pourrez admirer le Korakuen, l’un des plus beaux jardins du Japon. Il est tout simplement sublime au printemps avec tous ses espaces fleuris ou verdoyants.

Ouverts de 9 heures à 17 heures, on peut acheter un billet mixte Château et Jardin pour 580 yens.

Pour y aller, j’ai pris le tramway de la ligne « Higashiyama » jusqu’à la Station Shiroshita qui nous dépose à quelques minutes à pied. Attention, il y a deux lignes de tramway … oui, deux… Je n’ai pas fait attention le 1er jour et j’ai visité Okayama un peu plus que prévu, mais j’ai trouvé la Poste centrale, je n’ai donc pas tout perdu.

Revenons au Château, je vous ai dit plus haut que le Château comprenait un espace atelier. Okayama est aussi au cœur du bassin de céramique de Bizen. Bizen est une petite ville situé à proximité d’Okayama et est l’un des six centres historiques de production de céramique au Japon (on peut citer aussi Hagi, Arita-Imari ou encore Seto du côté de Nagoya).

C’est une céramique qui se caractérise par une résistance physique élevée. Elle est reconnaissable à sa couleur ocre et marron. Cette couleur est caractéristique de la terre utilisée (en l’espèce, un mélange de deux sortes d’argile aux densités différentes). Ses couleurs caractérisques sont dues à la chaleur du sol et aux mouvements des flammes dans le four que les objets se teintent et se parent de motifs dansant.

Aujourd’hui encore, la céramique de Bizen n’est ni vernissée ni peinte.

Outre le fait de retourner voir le jardin du musée Adachi (que je voulais voir sous la neige … bon ben, il faudra y retourner), j’avais envie de faire quelque chose de différent durant mon voyage, de découvrir un autre Japon. J’avais vu une émission sur le Château et son atelier de poterie. J’ai donc cherché les conditions pour réaliser cet atelier. Le site du Château
( http://okayama-kanko.net/ujo/english/index.html ) m’indique que l’atelier n’est que sur réservation et indique un numéro de téléphone (numéro de téléphone : 086-224-3396) et que l’atelier coûte 1 230 yens. Oui, c’est juste le prix de l’atelier. Avec les frais annexes, cela coûte un peu plus cher.

Donc il faut réserver au téléphone … oups, il faut parler japonais et parler n’est pas mon fort. Je tente ma chance auprès de l’office du tourisme. Il faut savoir qu’à Okayama, il y a un petit kiosque de l’office dans la galerie marchande de la gare et un grand bureau dans la grande galerie marchande souterraine. Et là, les deux dames de l’office du tourisme ont été super gentilles et m’ont réservé le cours pour le lendemain matin 10 heures. Alors c’est un pari qui ne se fait pas en haute période touristique, mais que j’ai tenté parce qu’on était en janvier…

Les heures de l’atelier sont 10 heures, 11 heures, 13 heures ou 14 heures

Je suis arrivée le lendemain matin à l’ouverture du Château pour visiter le Château, faire quelques photos du jardin et de la Ville. Il y avait peu de touristes ce jour-là et encore moins d’occidentale, je suis passée peu inaperçue dans le Château.

J’arrive donc à 10 heures au 1er étage. L’une des animateurs – trices m’accueille gentiment et m’indique le prix final de l’atelier pour tenir compte aussi des frais d’expédition en France. En fait, j’avais prévu de me faire livrer ma production chez des amis japonais mais puisque l’expédition est possible en France, youpi, allons-y. En discutant avec la personne qui m’accueille, « bla bla ah mais vous venez d’où ? De France » Mais, mais elle parle francais ! Et même très bien. Donc, si vous voulez faire l’atelir, n’hésitez pas à téléphoner lorsque vous arrivez au Japon, les animateurs parlent anglais et même français. Cela aide pour réserver sans attendre d’arriver à Okayama.

Dans mon cas, l’atelier est assuré par deux personnes, l’artisane potier qui m’explique en japonais avec force geste comment faire et l’animatrice qui me réexplique en français comment faire pour traiter les 500 grammes d’argile de Bizen. En premier lieu, je range veste et sac dans un des placards de l’atelier et je revêts un tablier de potier puis je m’installe devant un tour manuel. L’artisane sort une boule d’argile de la grande glacière et elle ne sort les boules d’argile qu’au compte-goutte.

Il faut la frapper sur le tour manuel, faire en sorte que le socle de mon travail ne dépasse pas le 1er cercle métallique et travailler l’argile petit à petit pour faire prendre forme à cet objet.

Au final, j’utiliserai un fil très fin et tenu très serré pour décoler le socle du tour. Puis je la décorerai, de manière légère mais j’aurais pu charger un peu plus la décoration.

Je réalise une marque sur le socle de mon objet, cette même marque sera à reproduire sur le bordereau de suivi. Oui, parce que l’objet est encore humide. Il doit sécher dans de bonnes conditions avant de rencontrer la flamme du four, refroidir et être expédié.

le bordereau d’expédition

Pour moi, ce sera ma première expérience de poterie et j’ai aimé ce contact de la glaise.

J’ai choisi de faire une tasse. Elle est belle n’est-ce pas ? Oui je sais, je suis très objective.