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Bi-ru ou Biru ?

Un jour, en balade à Kyoto, avec un ami français, nous voyons un bâtiment où était écrit ビル. En bons français, nous n’avons pas fait attention à l’absence de « – ». Une amie japonaise a beaucoup ri quand on lui a dit qu’on avait vu un « Biru Office ». Elle a donc pris la peine de nous faire travailler notre phonétique. Ce petit rien ne représente peut-être qu’un simple son allangi entre « bi » et « ru » mais c’est toute la différence entre Bière et Bâtiment. Depuis, je fais très attention à ma phonétique.
Et maintenant, si nous buvions une bière japonaise … ? Attention, l’abus d’alcool est dangereux pour la santé.
Les premières bières « japonaises » apparaissent à l’époque Edo avec le comptoir hollandais au Japon. Les premières bières étaient importées. Et il a fallu attendre le XIXè siècle pour voir les premières bières brassées sur le sol japonais, avec le docteur Komin KAWAMOTO qui a appliqué la méthode hollandaise de distillation lors de ses recherches sur la fermentation. A la suite de cette première distillation, les premières distilleries industrielles virent le jour, d’abord à Sapporo (brasserie Sapporo), puis à Tokyo (Brasseries Ebisu, Kirin et Asahi) puis enfin à Osaka (Brasserie Suntory). Ce sont là les marques les plus connues. De nombreuses micro-brasseries sont apparues depuis 1994, date de l’assouplissement des lois sur l’alcool permettant d’obtenir une licence à partir de 60 000 litres de bière brassés au lieu des 2 millions exigés au sortir de la Guerre (et qui ont été à l’origine de la concentration des établissements). Ces micro-brasseries produisent des bières appelées ji ou chi bīru (地 ビール) – soit « bière régionale » – bien que le terme de craft beer (kurafuto bia) – soit « bière artisanale » – le remplace souvent.


Je suis toujours étonnée de la quantité de bière de marques différentes ainsi que des boissons à base de bière disponibles soit dans les konbini soit dans les grandes surfaces alimentaires. Et effectivement, avec plus de 2,7 milliards de litres de bière bus en 2015, le Japon se classe parmi les plus grands consommateurs au monde.
On trouve au Japon différents types de bières :
les nama beer qui sont des bières pression (on les appelle aussi draft beer )
les dry beer (ce sont des bières légères).
Mais il y a une autre classification, la classification fiscale selon le pourcentage de malt… et oui …
les bières à proprement parlé contenant 67% de malt, ce sont les seuls bières légalement parlant ;
les happôshu qui sont apparus dans les années 1990 et qui sont, elles aussi, des boissons maltées ou contenant des ingrédients alternatifs comme la patate douce, le riz etc.
Ensuite, les happôsei qui sont des boissons très peu maltées (moins de 25% de malt voire aucun et conçues pour être très peu caloriques) et les third beer ou panaché de bière non maltée et d’autres alcools.
Pour des raisons de prix de vente au consommateur, il n’est donc pas rare de rencontrer au Japon au sein de la même marque plusieurs types de boissons apparentées à la bière dont les prix sont inversement proportionnels à la quantité de malt. Récemment sur le marché, on a vu apparaître des bières de chez Hitachino nest beer (oui, le logo représente une chouette blanche et rouge).
Revenons à l’histoire, dans les années 1960, les premières canettes virent le jour et puis les distributeurs. Ces mêmes distributeurs qu’on croise à tous les coins de rue ou encore dans certains hotels. Mais on reverra plus bas que ce n’est pas si simple …


Dans les années 1980, à la suite de l’invention de l’Asahi Super Dry, la première dry (bière légère au taux de sucre et/ou au volume d’alcool spécialement abaissés afin de s’adapter à certains profils de consommateurs), la guerre du Dry fait rage. Les grandes brasseries ont alors mis en vente leur propre bière légère, de la Kirin Dry à la Suntory Dry en passant par la Sapporo Dry.
Les autres brasseries créent alors les happôshu (発泡酒, « alcool pétillant ») et les happôsei qu’on a vu plus haut. Ce sont des bières dites du deuxième type, le gaz carbonique remplace la fermentation et réduit le coût de fabrication et donc le prix de vente. Cela les place en tête des ventes. Elaborées le plus souvent sans alcool et peu caloriques, elles sont vendues comme meilleures pour la santé, et intéressent donc particulièrement les femmes.
Enfin, dernièrement, les kodomobīru (こどもびいる, « bières pour enfants »), sorte de boisson non alcoolisée ayant l’apparence de la bière et destinée aux enfants sont apparues en 2010, où comment attirer très jeunes les futurs consommateurs … on est d’accord, c’est moyen comme technique commerciale …
Quelle est la bière japonaise la plus bue ?
C’est assurément la « lager », une bière blonde, légère et peux alcoolisée. Elle est très douce, un peu amère et très rafraichissante. A ce titre, elle s’accode très bien avec les ramen ou encore les sushis.
Les grands brasseurs investissent maintenant dans le secteur « premium », c’est-à-dire à partir d’ingrédients naturels sélectionnés. Ainsi Suntory a développé une offre 100% malt et Sapporo le concurrence avec la bière Yebisu.


Comme cela a été vu plus haut, les bières se trouvent en konbini ou en grandes surfaces alimentaires. On peut aussi trouver des bières dans les galeries souterraines des gares. En général, plus le prix affiché est élevé, plus la bière contient du malt. On peut aussi trouver les bières artisanales s’achètent plutôt dans les magasins spécialisés de vins et spiritueux. Si vous comptez acheter de la bière dans les distributeurs automatiques de vente d’alcool, si ce sont les mêmes que ceux des cigarettes, il vous faudra une carte d’identité japonaise. Donc les étrangers n’y ont pas accès … Si ce sont les distributeurs simples, vous aurez accès à des bières de type lager ou happoshu ou happosei …
Si vous allez au restaurant avec des amis japonais, soyez innovants et tester les bières qu’ils commandent.