Lectures

« L’apprentie geisha » de Kazuo Kamimura

Voici l’heure de rédiger mon premier billet. J’ai choisi une critique de livre. Oui, un manga est un livre. Il y en a plusieurs sortes.

A l’occasion d’une incartade littéraire, j’ai acheté trois livres :

  • L’apprentie geisha de Kamimura Kazuo ;

  • Ayako d’Osamu Tesuka ;

  • Première neige sur le Mont Fuji d’ Yasunari Kawabata.

Kazuo Kamimura est un mangaka japonais né en 1946 et décédé en 1986. Après des études de design et avant de se lancer comme mangaka, il a travaillé comme illustrateur dans une agence de publicité.

Est-ce là qu’il acquiert son trait si caractéristique, très élégant qui fait de ses dessins des estampes modernes ? Il est surnommé le peintre de l’ère Showa. Il est vrai que son trait est fin, délicat, très reconnaissable.

J’ai d’ailleurs découvert Kazuo Kamimura en lisant « une femme de l’ère Showa ».

Il faudra que je complète le tryptique avec « Lady Snowblood ». J’ai aimé Kill Bill, il semblerait que Quentin Tarantino se soit inspiré de « Lady Snowblood »

Qu’il soit dessinateur ou scénariste, les mangas de Kazuo Kamimura sont généralement sans concession. Sans tabous, les histoires ne sont cependant pas vulgaires, mais au contraire, tout en subtilité.

Année
Titre
Rôle
1971
  • Scénariste, Dessinateur
1972
  • Scénariste, Dessinateur
  • Dessinateur
1973
  • Scénariste, Dessinateur
  • Scénariste, Dessinateur
  • Dessinateur
1974
  • Scénariste, Dessinateur
1975
  • Dessinateur
1976
  • Scénariste, Dessinateur
1977
  • Dessinateur

J’ai entredécouvert l’univers des geishas en lisant plusieurs ouvrages, « ma vie de geisha » de Mineko IWASAKI aux éditions Le livre de Poche, le geishas de Robert GUILLAIN aux éditions ARLEA mais aussi « Maiko, ma vie de geisha » de Koyoshi de Kyoto aux éditions Picquier, Les trois ouvrages sont de qualité inégale mais racontent la vie des geishas à des périodes différentes de l’histoire japonaise.

Les geisha sont tout d’abord des artistes, bien loin de l’image de prostituées volages que l’imagerie occidentale nous a imposée. Leur apprentissage est difficile, mais ce sont de véritables femmes accomplies et dignes qui renaissent du « monde des fleurs et des saules ». Mais leur monde est difficile, cruel même.

Ce manga nous invite dans le quotidien de O-Tsuru, une fillette vendue pour un sac de riz à une maison de geisha, où elle deviendra apprentie entre les deux guerres mondiales.

O-Tsuru (« la grue »), appelée ainsi parce que petite elle avait l’habitude de se tenir sur un pied pour réchauffer l’autre, a été vendue par ses parents pour qu’elle devienne une geisha. Venant du nord, de la préfecture de Niigata, elle a connu une enfance rude mais dont elle garde de bons souvenirs, avec un sens du devoir déjà marqué. Son exil permettait à sa famille, à son frère, à sa sœur de manger. La patronne de l’ okiya est dure, rude, méchante, … Elle m’a fait pensé à la Mère Ténardier des Misérables.

Elle va donc commencer comme shikomikka (« apprentie ») dans une okiya : la maison où vivent les geishas. En faisant les commissions de ses aînées, en portant leur shamisen, en portant leurs affaires,Tsuru va découvrir la vie de ses femmes. Un jour plus dur que les autres, elle décidera de tout faire pour réussir. D’enfant «gaffeuse », elle va devenir appliquée, s’investir.

Enfin, un jour, son tour arrive. Elle se rend dans la chambre de son bienfaiteur. Celui qui, en payant les frais de cérémonie, va la faire entrer dans le monde des geishas.

Tsuru va alors prendre le nom de Tsurugiku et devenir une geisha célèbre dans le monde des plaisirs. Quand Kazuo Kamimura faisait ses débuts de dessinateur de mangas, il louait un bureau au premier étage d’une maison de geishas à Kagarazuka, l’un des quelques quartiers de Tokyo où vivent des geishas. C’est probablement là qu’il a découvert le monde d’élégance et de tristesse dans lequel vivent les geishas qu’il nous fait découvrir dans ce sublime ouvrage,

O-Tsuru est attachante et j’ai aimé suivre ses aventures, son apprentissage. Mais le monde des fleurs et des saules est sans pitié.